”Je ne suis pas pédophile” dit Patrice, qui a tripoté 5 enfants et qui partageait des dizaines de vidéos d’abus de mineurs : 6 ans de prison requis
Le prévenu a sévi en privé ou dans des lieux publics, sans la moindre gêne. Mais il considère “ne pas être pédophile”.
- Publié le 18-04-2024 à 13h24
Pour résumer la position de Patrice sur les agressions sexuelles reprochées, le substitut Vervaeren a fait référence au septième art et à un classique de la comédie française : “Oups, j’ai glissé chef”. En aveu d’avoir tripoté cinq jeunes filles âgées de huit à quatorze ans, celui qui était considéré comme “un parrain de cœur” par ses victimes se cache derrière “des accidents, des chatouilles” ou des “jeux” ou balance encore que ses victimes “n’étaient pas forcées et qu’elles n’étaient pas opposées, à peu près. ”
“Je ne suis pas pédophile”
Pour parvenir à ses fins, Patrice a surpassé la large confiance dont il bénéficiait de la part des parents. Ami de longue date du premier couple, bien avant la naissance de ses différentes victimes, Patrice accueillait certaines mineures à dormir chez lui et était considéré comme “le parrain de cœur”. Dans l’autre famille concernée par les faits commis par le détenu, l’une des victimes a spontanément dénoncé les attouchements de son “parrain de cœur” lors d’une visite aux urgences pour des ulcérations au sexe. La jeune victime réitère les accusations en août 2022, lors de son audition.
Face à la justice, ce mercredi matin, le prévenu ne conteste aucune des agressions sexuelles sur les cinq victimes. Si Patrice confie “ne pas comprendre son passage à l’acte”, il minimise grossièrement les faits en reconnaissant une ou deux agressions par victime et en évoquant “des accidents”. Après une réflexion sur sa propre personne et sa manière de fonctionner, Patrice tire la conclusion “qu’il n’est pas un pédophile. ”
280 fichiers pédopornographiques
“Me voilà rassuré”, ironise le substitut Vervaeren quant au diagnostic effectué par Patrice. Le magistrat considère justement que les faits commis, le mode opératoire du prévenu et ses recherches malsaines sur le WEB via un logiciel de partage confirment la pédophilie. L’analyse du matériel informatique de Patrice a révélé l’existence de 141 vidéos et de 139 images montrant des abus sexuels sur des mineurs d’âge. Avec des termes très précis employés par Patrice pour tomber sur ce genre de fichiers. “Il a quand même tapé 7yo ou 2yo. Ce qui veut dire en anglais +seven years old+, soit sept ans. Ce n’est pas anodin comme recherche, il sait très bien ce qu’il recherche”, conclut le parquet.
Pour l’anecdote, Patrice ne conteste pas non plus avoir facilité la consommation de cannabis à deux de ses victimes, âgées de 13 ans. Où est le mal, s’interroge même le prévenu puisque ce dernier a commencé à consommer dès ses 13 ans. “Ça me semble normal”, ajoute Patrice. Compte tenu des aveux a minima du quadragénaire, de son absence de prise de conscience de sa problématique et de son profil loin d’être rassurant, le parquet sollicite six années de prison. Du côté de la défense, des mesures probatoires sont plaidées en insistant sur la prise de conscience opérée par Patrice et le risque de récidive jugé faible à modéré.
Jugement le 8 mai.